Dès les années 1970, l’artiste réalise des petites peintures
d’inspiration surréaliste et littéraire dont ne subsistent que deux
exemplaires, témoins d’une influence rapidement abandonnée. Sa pratique
artistique change alors rapidement. Attiré par l’hyperréalisme à base
de photographie, il s’en distingue d’emblée en optant pour une peinture à
tonalité monochrome bleue, légère et lumineuse. Ses sujets de
prédilection sont les vagues et des vues de la mer du Nord ; elles
évoquent l’ailleurs, le voyage, l’évasion. Ce sont des rochers à
Ploumanach, des autoroutes, des aéroports, des cabines de plage… et
bientôt les premières traces de pas dans le sable. En 1984, ses toiles
passent au gris, puis s’estompent légèrement et, dès 1986, le blanc
s’impose. Le sujet devient trace, la figuration devient allusive et
semble parfois se dissoudre dans l’abstraction.
Pour Claude Lorent, l’itinéraire est remarquable : "Depuis, selon un processus créatif invariable, inlassablement,
résolument, Éric Fourez peint des paysages marins fascinants, des bords
de plages ravinés, creusés, modelés par le flux, le reflux, le ressac,
par la puissance ou la douceur des vagues qui vont, viennent, se retirent
et reviennent. Qui meurent sur le sable avant de remonter à l’assaut,
plus déterminées et plus vivantes que jamais.
Hymne à la vie et à la nature, images du destin, vanités autant
que paysages, ces peintures de l’espace infini et de la blancheur,
silencieuses, solitaires, évocation du passage du temps, de la fragilité
des êtres et des choses, de l’éphémère et du combat contre
l’inéluctable effacement jusqu’à la disparition, se déclinent en toutes
tailles, en tous formats, invitent à regarder et réfléchir, à vivre
l’enchantement, à méditer, à prendre conscience de soi, de notre terre à
respecter et de l’univers incommensurable."