L’écho contemporain de Point et RansonnetPar Pierre-Olivier Rollin
L'exposition de Jean-Pierre Point et celle de Jean-Pierre Ransonnet se font mutuellement écho. Toutes deux témoignent de ce que l’on pourrait appeler un "réflexe de défense", commun à deux artistes (mais il y en eut bien d’autres à cette époque), face à la prolifération des images uniformes, rendue possible par le développement de nouveaux moyens de reproduction industrielle des images. L’un et l’autre participaient d’un mouvement plus vaste qui a vu les artistes opposer des formes de résistance (sérigraphie, retouches manuelles, inscriptions, filtres colorés, etc.) à l’uniformité des images diffusées par les médias.
Si ce phénomène nous apparaît aujourd’hui caractéristique des années 70, il n’en trouve pas moins un écho contemporain. En effet, à l’heure où les smartphones multiplient d’une manière exponentielle les possibilités de prises de vue et que les réseaux sociaux sont des canaux de diffusion comme il n’en a jamais existé auparavant, de nombreux artistes développent des stratégies de mise à distance de ces images, privilégiant d’autres supports et les chargeant de nouvelles complexités ; soustrayant ainsi leur production à la consommation immédiate qui caractérise les incessants flux d’images. Diversifier, afin de rendre la complexité du monde, plutôt qu’uniformiser et simplifier, exiger une attention plus soutenue plutôt que consommer rapidement avant de jeter, sont peut-être les recommandations actuelles que nous adressent ces deux artistes.
Pierre-Olivier Rollin, directeur du BPS22
Charleroi, le 20.12.2022